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Cioran, Eliade, Ionesco : L'Oubli du fascisme

Paru aux P.U.F., l’année dernière, l’ouvrage d’Alexandra Laignel-Lavastine : Cioran, Ionesco, Eliade. L’oubli du fascisme a fait pas mal de bruit sur les berges de la Seine. Il est donc facile d’ imaginer le vacarme déclenché par ce livre dans les contrées danubiennes. Le passé idéologique d’extrême droite de Cioran et d’Eliade était assez connu par ceux qui s’intéressaient à eux, mais pourquoi diable Ionesco se retrouvait-il, lui aussi, embarqué dans cette galère ? L’amalgame commence avec la couverture où les trois comparses, immortalisés place Furstemberg, pour des gallimardesques raisons commerciales, sont épinglés sans pitié dès le titre. Tous ceux qui regardent le livre sans l’acheter – autrement dit les plus nombreux - quittent la librairie convaincus que Ionesco a été un fasciste ; voilà pourquoi il s’opposait avec une telle détermination au communisme tandis que les autres intellectuels français de l’époque regardaient avec tolérance sinon avec admiration ce qui était en train de se passer à l’Est au nez et à la barbe du monde entier...

Au début, le livre fut reçu favorablement par les opportunistes de service de la plupart des hebdomadaires et magazines littéraires français. Peu de temps après, à Paris et, surtout, à Bucarest, ce livre écrit avec une hargne exagérée et inutile essuya des critiques de plus en plus sévères. L’auteur fut accusé de mauvaise foi, d’amalgame et, plus grave encore, de vol et manipulation de textes. Parmi tant d’autres, Marta Petreu, auteur de plusieurs livres sur Cioran et Ionesco se plaignit qu’Alexandra Laignel-Lavastine s’était inspirée de ses travaux sans la citer suffisamment ; Alain Paruit, traducteur de Cioran et d’Eliade donna, dans un article publié dans Esprit, plusieurs exemples de citations tronquées ou arrachées du contexte, bref manipulées de manière à enfoncer définitivement le clou. Sauf que le clou trop brutalement enfoncé peut provoquer l’écroulement de toute cette construction d’un " manichéisme délirant " (Paruit dixit). Ce n’est pas l’opinion de Pierre Pachet qui, dans " Seconde lecture ", prolonge le débat et reproche à Alain Paruit d’avoir rendu le livre méconnaissable par ses critiques formulées en " termes blessants ". Et pourtant, le célèbre essayiste accepte l’idée que l’écrivaine y est pour quelque chose, car " peut-être est-elle par moments emportée par la passion de démontrer, par la douleur et le besoin de justice… ". Etienne Boisserie est plus agressif dans sa défense. Il passe pour un spécialiste de l’Europe centrale, ce qui explique qu’il soit tellement mal renseigné sur la Roumanie : celle-ci se trouve un peu plus loin sur la carte. Patrice Bolon, dans Le Magasine littéraire ou Dominique Jamet dans Marianne ne se montrent pas moins critiques qu’Alain Paruit.

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Alexandra Laignel-Lavastine (Alexandra Carreau-Hurezeanu): Cioran, Eliade, Ionesco
L'oubli du fascisme
"Perspectives critiques"
Broché: 552 pages
Editeur : Presses Universitaires de France - PUF (8 avril 2002)
Collection : Perspectives critiques
Langue : Français
ISBN: 2130517838
Dimensions (en cm): 3 x 15 x 22

Propos et réflexions sur le livre d’Alexandra Laignel-Lavastine: "Cioran, Eliade, Ionesco : L’oubli du fascisme"
Célestin Valois

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